Praticien bien-être : faut-il un statut juridique spécifique pour exercer ?

Praticien bien-être : faut-il un statut juridique spécifique pour exercer ?

Vous êtes praticien bien-être ou naturopathe en cours d’installation ? Découvrez quel statut juridique choisir pour exercer légalement et développer votre activité.

 

Vous êtes en train de vous installer en tant que praticien.ne en naturopathie, réflexologie, énergétique ou massage bien-être ? Vous envisagez de démarrer une activité à votre compte, ou vous avez déjà commencé à recevoir vos premiers consultants ?

Plusieurs questions reviennent souvent dans vos démarches : existe-t-il un statut juridique spécifique pour exercer en tant que praticien bien-être ? Doit-on être « reconnu » pour pouvoir facturer ? Est-ce qu’un statut juridique adapté est obligatoire ? Est-ce que le choix d’une micro-entreprise suffit ?

Ce flou peut freiner ou ralentir le lancement d’un cabinet. Pourtant, si le secteur du bien-être n’est pas réglementé au sens strict, il existe bel et bien un cadre légal à respecter pour exercer dans les règles et sécuriser son activité.

Dans le domaine du bien-être, vous êtes nombreux.euses à lancer avec passion : naturopathes, praticiens en énergétique, conseillers en hygiène de vie, réflexologues, etc. Vous partagez tous un objectif commun : accompagner les personnes vers un mieux-être global et durable.

Dans cet article, nous allons clarifier les points suivants :

  • Existe-t-il un statut juridique “officiel” ou obligatoire ?
  • Quels sont les statuts les plus pertinents selon votre situation ?
  • Quelles sont les obligations administratives à connaître ?
  • Comment faire de votre statut un levier de crédibilité et de développement ?

Dans cet article, nous allons démystifier le statut juridique du praticien bien-être et vous aider à faire un choix éclairé, aligné avec votre réalité professionnelle.

 

 

 

Existe-t-il un statut juridique spécifique pour les praticiens bien-être ?

 

La réponse est claire : non, il n’existe pas de statut juridique propre aux praticiens du bien-être en France.

Contrairement aux professions de santé réglementées (médecins, kinésithérapeutes, infirmiers), les métiers du bien-être – comme la naturopathie, la réflexologie, la sophrologie, la relaxation ou encore le massage bien-être – ne sont pas encadrés par une législation spécifique. Cela signifie qu’il n’existe pas, à ce jour, de diplôme d’État ni de titre reconnu par l’État.

Cependant, cela ne veut pas dire que tout est permis. Pour exercer légalement, vous devez choisir un statut juridique conforme au droit français.

Cela implique :

  • de choisir un statut juridique adapté,
  • de déclarer votre activité auprès des autorités compétentes (via le site de l’INPI),
  • de respecter certaines obligations fiscales, sociales et administratives.

En résumé : vous êtes libre de vous installer, mais pas de vous affranchir du droit. Il ne s’agit donc pas de chercher un « statut spécifique bien-être », mais le statut juridique le plus pertinent pour votre projet professionnel.

 

 

 

Pourquoi le choix du statut juridique est-il stratégique ?

 

Le statut juridique n’est pas qu’une formalité administrative. Il structure votre activité et influence directement :

  • votre régime fiscal (impôts, TVA),
  • vos cotisations sociales et votre protection (maladie, retraite),
  • votre responsabilité juridique et financière,
  • vos capacités de développement (embauche, investissements, partenariats).

Un choix de statut judicieux vous permet de démarrer sereinement, d’être crédible auprès de vos consultants et partenaires, et d’adapter votre structure à l’évolution de votre activité (ateliers, boutique, formations, etc.).

Il s’agit donc d’un véritable outil stratégique, à ne pas choisir à la légère.

 

 

 

Les statuts juridiques les plus utilisés dans le secteur du bien-êtreLes statuts juridiques les plus utilisés dans le secteur du bien-être

 

Dans le paysage entrepreneurial français, plusieurs statuts juridiques peuvent convenir à une activité de praticien bien-être. Le choix dépend du niveau de maturité de votre projet, de vos ambitions de développement, de votre situation personnelle et de vos besoins en termes de protection sociale ou de fiscalité.

Voici un panorama des options les plus courantes, exposées de manière accessible et concrète.

N’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel, expert-comptable ou avocat, ou encore par les instances, comme la BGE, BPI France…

 

 

La micro-entreprise : la porte d’entrée la plus répandue

Le régime de la micro-entreprise (anciennement auto-entreprise) reste aujourd’hui le choix majoritaire chez les praticiens bien-être qui débutent ou souhaitent exercer en complément d’activité.

Il offre un cadre très simplifié, aussi bien pour la déclaration que pour la gestion quotidienne. L’inscription se fait en ligne, les charges sociales sont calculées de manière forfaitaire sur le chiffre d’affaires encaissé, et la comptabilité reste allégée.

La franchise en base de TVA permet, sous conditions de chiffre d’affaires, de ne pas facturer ni reverser la TVA, ce qui simplifie encore la gestion.

En revanche, ce régime impose un plafond de chiffre d’affaires (77 700 € en prestations de services en 2025) et ne permet pas la déduction des charges réelles (loyer, matériel, communication, etc.).

La protection sociale y est également limitée.

Ce statut est donc parfaitement adapté à un démarrage, à une activité à temps partiel ou à une phase de test de votre offre, mais peut devenir limitant à mesure que votre activité se développe.

 

 

L’entreprise individuelle (nouvelle version)

Depuis la réforme de 2022, l’entreprise individuelle a été simplifiée et modernisée. Elle constitue une alternative intéressante au régime du microentrepreneur, notamment lorsque vos charges sont élevées ou que vous dépassez les plafonds de chiffre d’affaires.

Contrairement à la micro, elle vous permet de déduire vos charges réelles (local, matériel, frais de communication, assurances, etc.) de votre résultat imposable, ce qui peut être plus avantageux sur le plan fiscal.

Autre nouveauté majeure : la protection du patrimoine personnel est désormais automatique. Cela signifie que vos biens personnels sont, en principe, protégés en cas de difficultés financières, sans qu’il soit nécessaire de créer une structure séparée.

« En principe » car l’entrepreneur ne doit pas se porter caution, en cas d’emprunt professionnel, par exemple. Dans ce cas, la protection du patrimoine personnel tombe.

L’entreprise individuelle, bien que plus exigeante en termes de gestion, constitue une solution souple pour les praticiens qui souhaitent professionnaliser leur activité tout en restant en nom propre.

 

 

La société unipersonnelle (EURL ou SASU) : pour structurer et anticiper la croissance

Pour celles et ceux qui souhaitent donner une dimension plus entrepreneuriale à leur activité, les formes sociétales unipersonnelles – EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) ou SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) – offrent une solution particulièrement adaptée.

Créer une société implique davantage de formalités, des statuts à rédiger et souvent l’accompagnement d’un expert-comptable, ce qui engendrent des coûts de création importants.

En contrepartie, cela vous permet de séparer clairement votre patrimoine personnel du patrimoine professionnel, d’accéder à des dispositifs d’optimisation fiscale plus souples, et de bénéficier d’une image plus structurée auprès de partenaires ou de futurs associés.

L’EURL, soumise par défaut à l’impôt sur le revenu, peut opter pour l’impôt sur les sociétés. Elle offre un régime social de type “travailleur non salarié” (TNS), avec des cotisations plus faibles mais une protection sociale plus réduite.

La SASU, de son côté, offre une couverture sociale de type “assimilé salarié”, plus coûteuse mais plus proche de celle d’un salarié, tout en permettant le versement de dividendes.

Ces statuts conviennent aux praticiens qui envisagent un développement plus ambitieux de leur activité : embauche, boutique en ligne, prestations en entreprise, formations ou partenariats institutionnels.

 

 

Le portage entrepreneurial : un statut intermédiaire pour tester son activité ou intervenir en entreprise

Moins connu mais de plus en plus utilisé dans le secteur du bien-être, le portage salarial permet d’exercer en toute légalité sans créer d’entreprise.

Le praticien signe un contrat de travail avec une société de portage, qui facture les prestations à sa place, puis lui reverse un salaire après avoir prélevé ses frais de gestion et les charges obligatoires.

Ce dispositif présente plusieurs avantages : il simplifie grandement la gestion administrative, permet de bénéficier de la protection sociale du salarié (y compris assurance chômage) et s’avère particulièrement pertinent pour des missions ponctuelles en entreprise, dans le cadre de la qualité de vie au travail (QVT).

En revanche, le coût de ce statut est plus élevé, et il convient moins à une activité stable, régulière ou ancrée sur le long terme.

 

 

Le portage entrepreneurial : une alternative hybride entre salariat et indépendance

Le portage entrepreneurial (ou portage d’activité) constitue une alternative souple et sécurisante pour les praticiens bien-être qui souhaitent tester ou exercer leur activité en conservant une certaine liberté, sans créer d’entreprise à leur nom.

Concrètement, il s’agit de rejoindre une structure de portage, qui vous héberge juridiquement et vous permet de facturer vos prestations sous son numéro SIRET.

Vous conservez votre autonomie dans la gestion de vos services, de votre clientèle et de vos tarifs, tout en bénéficiant d’un cadre structurant. La structure de portage prend en charge les déclarations sociales et fiscales, vous apporte parfois un accompagnement entrepreneurial (ateliers, réseau, mutualisation des outils), et vous permet de bénéficier d’une protection sociale plus complète qu’en micro-entreprise.

Ce modèle hybride est particulièrement intéressant en phase de lancement, de transition professionnelle ou pour les praticiens qui souhaitent se concentrer sur leur cœur de métier sans assumer seuls toutes les contraintes administratives.

Il peut aussi convenir à ceux qui souhaitent exercer en collectif ou mutualiser certaines ressources, dans une logique coopérative.

Par rapport au portage salarial, le portage entrepreneurial à l’avantage de permettre au professionnel d’avoir des clients particuliers, et non que des professionnels (comme c’est le cas avec le portage salarial).

Enfin, des frais de gestion sont prélevés sur votre chiffre d’affaires, et certaines limitations peuvent exister quant au développement de projets numériques ou à l’embauche.

 

 

 

Comment choisir votre statut juridique en tant que praticien bien-être ?

 

Le choix du statut juridique ne peut pas se faire au hasard ni selon ce que vos collègues ont choisi. Il doit avant tout correspondre à votre situation personnelle, à vos besoins réels, et à la vision que vous avez pour votre activité.

Ce statut va conditionner non seulement vos obligations administratives, mais aussi votre capacité à faire évoluer votre pratique dans le temps.

Commencez par vous interroger sur le rythme auquel vous souhaitez exercer. Lancez-vous votre activité à temps plein, ou s’agit-il dans un premier temps d’un complément à un autre emploi, à une reconversion progressive ou à une période de test ?

Une micro-entreprise pourra convenir pour démarrer en douceur, mais si vous avez déjà un réseau solide ou un projet d’envergure, une société (SASU, EURL) peut s’avérer plus adaptée.

Il est également essentiel d’évaluer le volume de charges que vous allez engager : loyer de cabinet, communication, matériel, formation continue…

Si ces charges sont significatives, un régime réel d’imposition, comme celui d’une entreprise individuelle classique ou d’une société, vous permettra de les déduire de votre chiffre d’affaires, ce qui est impossible en micro-entreprise.

Pensez aussi à votre protection sociale. Certaines formes juridiques offrent une couverture plus étendue que d’autres, notamment en matière de retraite, d’indemnités journalières ou d’assurance chômage.

Enfin, si vous envisagez de proposer des formations, de vendre des produits ou de travailler avec des entreprises, il est judicieux d’anticiper une structuration plus professionnelle dès le départ.

Dans tous les cas, se faire accompagner reste un vrai atout. Un échange avec un expert-comptable, une structure d’accompagnement à la création d’entreprise ou une coopérative d’activité peut vous apporter un éclairage précieux et éviter les erreurs coûteuses. Le bon statut est celui qui correspond à votre réalité d’aujourd’hui tout en restant compatible avec vos projets de demain.

 

 

Statut juridique et code APE : bien choisir sa nomenclature

Lorsque vous créez votre structure, l’INSEE vous attribue un code APE (ou NAF) en fonction de votre activité principale déclarée.

Ce code peut avoir des conséquences importantes, notamment sur :

  • votre affiliation à un régime social,
  • la compatibilité avec certaines assurances,
  • la lisibilité de votre activité auprès des partenaires.

Quelques codes APE fréquemment attribués aux praticiens bien-être :

  • 8690F : activités de santé humaine non classées ailleurs (à manier avec précaution). Depuis quelques mois, il n’est plus attribué aux professionnels de la naturopathie.
  • 9609Z : autres services personnels n.c.a.
  • 8559B : autres enseignements (si vous proposez des formations ou ateliers)

Si vous estimez ne pas avoir obtenu le code APE correspondant à votre activité, vous pouvez demander une modification, via le site de l’INSEE. Un document cerfa sera à remplir, en joignant toutes les pièces justificatives.

 

 

 

Conclusion

 

Vous l’aurez compris : il n’existe pas de statut juridique spécifique et unique pour les praticiens bien-être, mais il existe un cadre légal à respecter.

Le choix du statut juridique est une étape clé de votre projet professionnel : il structure votre activité, influence votre fiscalité, sécurise vos relations, et reflète votre sérieux.

Quel que soit votre niveau d’expérience, votre ambition ou votre modèle économique, il existe une forme juridique adaptée à votre réalité : micro-entreprise, entreprise individuelle, société ou portage.

Ne négligez pas cette décision : entourez-vous, renseignez-vous, faites-vous accompagner. Votre profession mérite d’être exercée dans un cadre clair, stable et évolutif.

Un statut bien choisi, c’est une base solide pour développer un cabinet éthique, aligné, et durable.

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