WeTransfer, intelligence artificielle et données personnelles : que faut-il comprendre de la polémique ?

WeTransfer, intelligence artificielle et données personnelles : que faut-il comprendre de la polémique ?

WeTransfer au cœur d’une polémique : que devient la confidentialité de vos fichiers à l’ère de l’intelligence artificielle ? Analyse complète des enjeux juridiques, techniques et éthiques.

Le monde numérique est en constante évolution, et avec lui, les pratiques des entreprises en matière de données personnelles.

En 2025, la confidentialité numérique est devenue un enjeu central pour tous les professionnels, quel que soit leur secteur d’activité. Mais lorsque cette question touche des plateformes populaires utilisées pour le transfert de documents sensibles, l’inquiétude est d’autant plus grande.

C’est ce qu’a révélé la polémique autour de WeTransfer, ce service mondialement utilisé pour partager des fichiers volumineux.

En juin dernier, des milliers d’utilisateurs ont découvert que leurs fichiers pouvaient potentiellement être utilisés pour entraîner des systèmes d’intelligence artificielle (IA). Une mention glissée dans les conditions générales d’utilisation a suffi à déclencher un tollé.

La réaction a été rapide, massive et internationale.

WeTransfer a fait machine arrière, promettant que les données ne seraient pas utilisées pour entraîner son IA.

Pour autant, la question de l’utilisation des données personnelles confiées à ce type de plateforme de transferts de fichiers, ou encore celles pour réduire la taille d’un fichier, ou pour transformer un fichier pdf en fichier word, par exemple, demeure un sujet sensible et d’actualité.

À travers cet article, nous vous proposons une analyse approfondie de cette affaire : que s’est-il réellement passé ? Quels sont les enjeux juridiques et éthiques ? Que dit le RGPD ? Et comment les professionnels, notamment dans les métiers de la santé intégrative et du bien-être, doivent-ils adapter leurs pratiques numériques face à ce type de situation ?

WeTransfer : une plateforme incontournable

Depuis sa création en 2009, WeTransfer s’est imposé comme un outil simple et efficace pour transférer des fichiers volumineux.

Utilisé par des millions de personnes à travers le monde, le service repose sur une promesse : faciliter l’envoi de contenus sans compte, sans stockage, et sans publicité intrusive. Une promesse qui fait toute la force de ce service !

La version gratuite propose des transferts jusqu’à 2 Go, tandis que la version payante permet des envois jusqu’à 200 Go, avec un espace de stockage cloud.

Le service est réputé pour sa fiabilité, son interface intuitive et la sécurité de ses liens temporaires.

Sa popularité s’appuie sur :

  • une interface épurée et intuitive ;
  • des envois rapides par lien ou par courriel ;
  • la promesse de sécurité et de confidentialité des fichiers transférés.

Mais derrière cette apparente simplicité, se cachent des enjeux liés au modèle économique. Comme beaucoup de services freemium sur internet, WeTransfer cherche à diversifier ses sources de revenus, notamment via l’analyse de données et le développement de solutions d’IA maison. C’est là que la polémique prend tout son sens.

Intelligence artificielle : pourquoi entraîner les modèles avec des données utilisateurs ?

L’intelligence artificielle dite “générative” (comme ChatGPT, Midjourney ou les IA d’analyse de texte, d’image ou de code) repose sur d’énormes volumes de données pour apprendre à comprendre, reproduire et créer du contenu.

Pour fonctionner efficacement, ces modèles ont besoin de :

  • fichiers texte (rapports, courriels, documents PDF, etc.),
  • images (photos, illustrations, scans, etc.),
  • métadonnées (informations de contexte sur les fichiers).

En exploitant ces contenus, une IA peut mieux comprendre les usages, les formulations, les structures de pensée, et s’adapter aux besoins concrets de ses futurs utilisateurs.

Les entreprises qui développent des IA cherchent donc à élargir leurs bases de données. Et parfois, elles regardent… du côté de leurs propres utilisateurs.

La controverse : que reproche-t-on à WeTransfer ?

Au mois de juin 2025, plusieurs utilisateurs ont remarqué une modification dans les conditions générales d’utilisation (CGU) et la politique de confidentialité de WeTransfer.

En particulier, une mention autorisait la plateforme à utiliser certains contenus hébergés ou transférés dans le cadre de projets de développement, y compris ceux liés à l’IA.

Des journalistes, juristes et associations ont rapidement relayé l’information, provoquant une réaction en chaîne. L’idée que des documents privés, potentiellement sensibles, puissent servir à entraîner une IA sans consentement explicite a suscité une vive inquiétude.

Ce qui était indiqué :

« WeTransfer peut analyser ou utiliser certains contenus non identifiables à des fins d’amélioration de ses services, y compris dans le cadre de projets impliquant des technologies d’intelligence artificielle. »

Cette formulation pose problème pour plusieurs raisons :

  • Elle reste vague : rien n’indique clairement quels fichiers sont concernés (tous ? seulement les fichiers partagés ?) ;
  • Elle n’évoque aucun consentement spécifique : tout utilisateur qui clique sur « J’accepte » pourrait voir ses fichiers intégrés dans des processus d’apprentissage machine ;
  • Elle ne propose aucune option d’opposition claire : ni opt-in (adhésion volontaire), ni opt-out réel (désactivation simple).

Dans un contexte où de nombreux fichiers contiennent des informations confidentielles, voire sensibles (fiches de suivi, données de santé, photos personnelles), cette formulation a été jugée inacceptable par de nombreux experts du droit numérique.*

WeTransfer réagit : clarification et rétropédalage

Face à la tempête médiatique et à la pression des utilisateurs, WeTransfer a publié plusieurs communiqués. La direction a reconnu que la formulation pouvait prêter à confusion, et a décidé de retirer temporairement cette clause de ses CGU.

Dans un article de blog officiel, l’entreprise a précisé :

« Nous ne collectons pas, n’examinons pas et n’utilisons pas les fichiers transférés par nos utilisateurs à des fins d’entraînement de nos modèles d’intelligence artificielle. »

En parallèle, elle s’est engagée à renforcer la transparence de ses politiques de confidentialité et à inclure des options de désactivation (“opt-out”) plus explicites pour les utilisateurs payants.

Que dit le RGPD sur cette pratique ?

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD), en vigueur dans l’Union européenne depuis 2018, impose des principes très stricts en matière de collecte et d’utilisation des données personnelles :

1. Principe de finalité

Les données doivent être collectées pour un objectif déterminé à l’avance. Utiliser des fichiers destinés au transfert pour entraîner une IA nécessite une finalité distincte et transparente.

2. Consentement éclairé

Toute utilisation des données au-delà de la prestation initiale doit faire l’objet d’un consentement spécifique, éclairé et librement consenti.

3. Minimisation des données

Seules les données strictement nécessaires doivent être traitées. La collecte massive pour améliorer un service futur n’entre pas dans ce cadre.

4. Droit d’opposition et de retrait

Tout utilisateur peut refuser ou retirer son consentement à tout moment.

Dans le cas de WeTransfer, plusieurs juristes estiment que l’usage potentiel des fichiers pour l’entraînement d’une IA enfreignait ces principes, notamment en matière de transparence et de consentement.

Données personnelles, fichiers professionnels : quels risques pour les usagers ?

Pour un professionnel de santé intégrative, les fichiers envoyés via WeTransfer peuvent contenir des données sensibles, contenues dans les bilans personnalisés, ou dans les échanges avec le consultant.

Le traitement de ces données sensible impose donc une vigilance accrue. Si vous utilisez WeTransfer pour les transmettre à vos consultants ou collègues, vous êtes considéré comme responsable du traitement. En cas de problème, votre responsabilité peut être engagée.

Même si WeTransfer assure ne pas accéder à ces fichiers, le simple fait que cette option ait été envisagée crée une zone d’insécurité juridique et éthique. Car en tant que professionnel, vous êtes responsable du traitement des données que vous collectez et transmettez.

Bonnes pratiques à adopter pour protéger vos fichiers

Voici quelques conseils concrets pour continuer à utiliser des outils numériques tout en restant conforme au RGPD et respectueux de vos consultants :

1. Choisir un outil sécurisé et transparent

Privilégiez des solutions où les CGU sont claires, avec une politique de non-utilisation des fichiers à des fins commerciales ou d’entraînement d’IA.

Vérifiez régulièrement les CGU pour ne pas être pris au dépourvu en cas de changement !

2. Chiffrer les fichiers sensibles

Avant envoi, utilisez des logiciels comme 7-Zip ou VeraCrypt pour protéger vos documents par mot de passe.

Et transmettez le mot de passe séparément, par SMS par exemple.

3. Informer vos consultants

Ajoutez une mention dans votre politique de confidentialité expliquant comment vous stockez et transférez les fichiers.

4. Ne conservez pas inutilement les fichiers

Supprimez les documents après transmission et encouragez vos consultants à faire de même.

5. Ne transférez jamais de données sans nécessité

Posez-vous la question : ce fichier doit-il vraiment être partagé en ligne ? Sinon, privilégiez une consultation orale ou sur place.

6. Préférez les plateformes européennes

Des alternatives comme SwissTransfer, Smash, Norishare appliquent des règles plus strictes en matière de respect de la vie privée.

Ce que cette affaire révèle : un tournant pour les plateformes numériques

L’incident WeTransfer n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une tendance de fond : de plus en plus de services gratuits ou freemium envisagent d’utiliser les données de leurs utilisateurs pour rentabiliser leur modèle économique par l’intelligence artificielle.

Cette affaire met en lumière :

  • une opacité croissante des conditions d’utilisation ;
  • un glissement des responsabilités vers l’utilisateur ;
  • une dissonance entre promesse marketing et réalité juridique.

Mais cette affaire est aussi révélatrice d’une prise de conscience collective.

Les usagers sont mieux informés et leurs réactions en de plus en plus rapides. L’acceptation passive des CGU appartient au passé. Désormais, chaque ligne peut faire l’objet d’une analyse critique.

Les professionnels veulent garder la maîtrise de leurs outils. Et ils ont raison : en application du RGPD, notamment, ils sont responsables du devenir des données personnelles collectées.

Ce type d’incident encourage les institutions à encadrer plus strictement les pratiques d’IA.

Vers une régulation renforcée des usages de l’IA ?

En Europe, la mise en œuvre du règlement sur l’intelligence artificielle (AI Act), prévu pour 2026, pourrait imposer des restrictions supplémentaires sur l’entraînement des IA à partir de données personnelles.

Ce texte entend :

  • classifier les usages de l’IA selon leur niveau de risque ;
  • encadrer strictement les données utilisées à des fins d’apprentissage machine ;
  • interdire certains types de traitements automatisés sans supervision humaine.

L’affaire WeTransfer pourrait donc servir de cas d’école pour les autorités européennes dans l’application de ces nouvelles règles.

Conclusion

L’affaire WeTransfer constitue un signal fort envoyé à l’ensemble des acteurs du numérique, mais aussi à tous les professionnels qui utilisent ces outils au quotidien.

Elle met en évidence une tension grandissante entre l’innovation technologique et la confiance des utilisateurs. D’un côté, les entreprises cherchent à améliorer leurs services et à développer de nouvelles solutions d’intelligence artificielle, souvent perçues comme des leviers de croissance incontournables. De l’autre, les usagers – qu’ils soient particuliers, professionnels de santé intégrative, praticiens du bien-être ou formateurs – attendent de la clarté, du respect et de la protection quant à l’usage de leurs données.

Ce contexte renforce aussi le besoin d’une éthique numérique forte, où la transparence, le respect du consentement et la souveraineté des données sont au cœur des pratiques professionnelles. Dans une ère dominée par l’IA, il ne s’agit plus seulement de transférer un fichier – il s’agit de protéger une relation de confiance.

Le cas WeTransfer nous invite à repenser notre rapport aux outils numériques. Les services gratuits ou semi-gratuits, très pratiques au quotidien, peuvent introduire des clauses qui engagent vos données dans des processus qui vous échappent. L’intégration d’éléments d’intelligence artificielle dans des services apparemment neutres devient de plus en plus fréquente, parfois sans que l’utilisateur en ait pleinement conscience.

Cela signifie que nous devons adopter de nouveaux réflexes :

  • Lire attentivement les conditions générales d’utilisation avant de valider un service ;
  • Choisir des outils européens ou conformes au RGPD, qui garantissent une utilisation éthique des fichiers ;
  • Mettre en place des mesures internes comme le chiffrement des fichiers, la suppression rapide des données après transfert et l’information claire de vos consultants sur vos pratiques numériques.

En allant plus loin, cette affaire révèle aussi une véritable opportunité professionnelle : celle de démontrer que votre activité ne se limite pas à un savoir-faire technique ou à une expertise humaine. Elle intègre également une dimension éthique et responsable, essentielle dans le traitement des données.

Adopter cette posture est non seulement différenciante, mais elle renforce aussi la confiance de vos clients et partenaires, dans un contexte où la sécurité et la conformité sont devenues des critères de choix majeurs pour les consultants comme pour les entreprises.

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