Lorsque l’on se lance en tant que professionnel du bien-être ou de la santé intégrative – naturopathe, sophrologue, coach, réflexologue ou encore ostéopathe – on se concentre avant tout sur son cœur de métier : accompagner, soulager, aider.
Pourtant, une autre facette de l’activité vous attend en coulisses, souvent moins séduisante mais tout aussi essentielle : la gestion administrative et comptable.
Avant de plonger dans les bienfaits des plantes ou les mystères de la respiration, il est indispensable de comprendre vos obligations légales en matière de facturation et de comptabilité. Et rassurez-vous : il n’est pas nécessaire de devenir expert-comptable pour rester dans les clous !
Cet article s’adresse aux futurs praticiens et praticiennes en cours de formation, qui envisagent de se lancer en micro-entreprise ou en entreprise individuelle au régime réel simplifié. Il s’adresse, également, aux professionnels en exercice, qui s’inquiètent de savoir « s’ils font juste ».
Cependant, nous n’aborderons pas ici les structures plus complexes comme les sociétés (SARL, SAS, etc.) qui répondent à d’autres logiques de gestion.
Vous découvrirez pas à pas :
- Vos obligations comptables en fonction de votre statut,
- Les règles à respecter en matière de facturation (notamment l’arrivée de la facturation électronique),
- Et des conseils pratiques pour gérer votre comptabilité avec efficacité et sans stress.
Prêt à dompter vos papiers comme vous domptez vos huiles essentielles ? C’est parti !
Les obligations comptables du micro-entrepreneur en profession libérale
Se lancer en tant que micro-entrepreneur dans le secteur du bien-être et de la santé intégrative est souvent le premier choix des praticiens débutants. Ce régime séduit par sa simplicité administrative, mais il ne dispense pas de certaines règles comptables et fiscales qu’il convient de bien comprendre. Faisons ensemble le tour des obligations spécifiques des micro-entrepreneurs en profession libérale.
Les bases du micro-entrepreneur
Le régime du micro-entrepreneur (anciennement « auto-entreprise ») est particulièrement adapté aux professions libérales non réglementées, dont font partie la plupart des praticiens en naturopathie et autres activités du bien-être.
Pourquoi ce statut est-il si prisé ?
- Démarches de création ultra-simplifiées,
- Charges sociales et fiscales calculées directement sur le chiffre d’affaires encaissé,
- Comptabilité est allégée.
Mais attention : micro-entreprise ne signifie pas « zéro organisation ». Vous avez des obligations comptables et fiscales que vous devez respecter pour rester dans la légalité et éviter de mauvaises surprises.
Les obligations comptables simplifiées
La comptabilité du micro-entrepreneur est effectivement allégée, mais pas inexistante. Voici les principaux points à connaître.
- Tenue d’un livre des recettes
Vous devez tenir à jour un livre des recettes dans lequel vous enregistrez, de manière chronologique :
- La date d’encaissement de chaque recette,
- Le nom du client,
- La nature de la prestation,
- Le montant encaissé et le mode de règlement.
Ce registre peut être tenu sur papier ou sous format numérique, tant qu’il est inaltérable et conforme.
Concrètement, il s’agit, en format papier, d’un cahier spécial acheté en papeterie, intitulé « Livre des recettes ». Chaque page est numérotée. Impossible d’arracher une page sans que cela se voit. En format informatique, il s’agit d’un logiciel de comptabilité. Il en existe des dizaines, souvent gratuits.
Exemple d’un livre des recettes :
| Date | Client | Prestation | Montant encaissé | Mode de règlement |
| 12/06/2025 | Marie Dupont | Séance de massage | 70 € | Espèces |
| 14/06/2025 | Julien Martin | Consultation | 60 € | Virement |
- Conservation des pièces justificatives
Toutes vos factures et justificatifs de paiement doivent être conservés pendant 10 ans. Un bon conseil : scannez-les et sauvegardez-les dans des dossiers organisés sur un support sécurisé (cloud ou disque dur).
- Pas d’obligation de bilan comptable
Bonne nouvelle : en micro-entreprise, vous n’avez pas l’obligation de produire un bilan comptable ou un compte de résultat. Cela vous évite de plonger dans les méandres des écritures comptables complexes.
Facturation : les règles essentielles
La facturation est loin d’être une simple formalité. Même en micro-entreprise, vous devez respecter des règles strictes.
Pour rappel, une facture doit être établie à partir de 25€ facturés.
- Les mentions obligatoires sur vos factures
Chaque facture, remise à un client non professionnel, doit comporter des éléments indispensables :
- Nom et prénom (et nom commercial, si vous en avez un), suivi de la mention EI,
- Adresse professionnelle,
- Numéro SIRET,
- Numéro de facture (chronologique et sans rupture),
- Date d’émission,
- Identité du client,
- Description précise de la prestation,
- Prix unitaire et total,
- TVA : mention « TVA non applicable, article 293 B du CGI » si vous êtes en franchise de base,
- Si vous êtes soumis à la TVA, il faudra faire apparaître le montant HT et TTC et le montant de la TVA.
Une petite erreur sur la facture peut avoir des conséquences en cas de contrôle, alors prenez le temps de bien paramétrer votre modèle.
- La numérotation des factures
Les factures doivent être numérotées de façon chronologique et continue.
Si vous commencez par la facture n°2025-001, la suivante devra être 2025-002, et ainsi de suite.
Facturation électronique : ce qui vous attend bientôt
Le passage à la facturation électronique obligatoire est en marche pour tous les professionnels, y compris les micro-entrepreneurs.
Quel calendrier ?
- À réception de factures : Tous les professionnels devront être capables de recevoir des factures électroniques dès le 1er septembre 2026, de leurs fournisseurs,
- À émission de factures : à compter du 1er septembre 2027, les micro-entrepreneurs seront concernés par l’obligation d’émettre des factures électroniques, à destination de leurs clients professionnels.
Ce calendrier est susceptible d’être modifié !
Même si l’échéance semble lointaine, mieux vaut commencer dès maintenant à utiliser un logiciel de facturation compatible.
Déclarations et paiements
Chaque mois ou chaque trimestre (selon l’option choisie), vous devrez déclarer votre chiffre d’affaires encaissé auprès de l’URSSAF via le site autoentrepreneur.urssaf.fr.
- Sur cette base, vos cotisations sociales seront calculées (21,1 % pour les professions libérales relevant de la CIPAV en 2025).
- Si vous avez opté pour le prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu, vous réglerez également votre impôt en même temps.
En micro-entreprise, vous bénéficiez d’une exonération de TVA tant que votre chiffre d’affaires annuel reste en dessous de 37 500 €, pour les prestations de service en 2025. Si vous dépassez ce seuil, vous devrez facturer la TVA et la reverser.
Le cadre du micro-entrepreneur est relativement souple, mais il demande de la rigueur. Dans la prochaine partie, nous verrons ensemble les obligations (un peu plus musclées) des entrepreneurs individuels au régime réel simplifié.
Les obligations comptables de l’entrepreneur individuel au régime réel simplifié
Si le régime du micro-entrepreneur offre une gestion ultra-simplifiée, certains professionnels du bien-être choisissent de passer en entreprise individuelle (EI) au régime réel simplifié.
Pourquoi ? Parce qu’au-delà d’un certain niveau d’activité, ce statut devient plus avantageux, notamment grâce à la possibilité de déduire ses charges professionnelles.
Mais qui dit changement de régime dit aussi plus d’obligations comptables !
Le régime réel simplifié : c’est pour qui ?
Le régime réel simplifié s’adresse aux entrepreneurs individuels dont :
- Le chiffre d’affaires dépasse les plafonds de la micro-entreprise (soit 77 700 € pour les prestations de service en 2025),
- Ou à ceux qui choisissent volontairement ce régime pour bénéficier d’une comptabilité plus précise et de la déduction des charges (loyer, matériel, formations, assurances, etc.).
Pour les praticiens du bien-être qui commencent à bien développer leur clientèle, ce statut peut devenir stratégique.
Les obligations comptables à respecter
Ici, la comptabilité prend une autre dimension. On entre dans le monde de la comptabilité complète.
Vous devrez :
- Tenir un journal des recettes et des dépenses (jour par jour),
- Établir un grand livre comptable,
- Produire chaque année :
- Un bilan (photographie du patrimoine de votre activité à la fin de l’exercice),
- Un compte de résultat (votre chiffre d’affaires, vos charges et le bénéfice ou la perte de l’année).
Ce niveau de comptabilité demande plus de temps et plus de compétences techniques. Même si la loi ne vous impose pas de faire appel à un expert-comptable, il est vivement recommandé de vous entourer d’un professionnel pour éviter les erreurs et optimiser votre fiscalité.
Facturation et TVA : des règles incontournables
- Les mêmes règles de facturation… avec une vigilance renforcée
Comme pour les micro-entrepreneurs, les entrepreneurs individuels doivent :
- Émettre des factures conformes avec toutes les mentions obligatoires,
- Conserver une numérotation chronologique et continue.
Avec un volume de facturation plus important, le risque d’erreur augmente. Il est donc conseillé d’utiliser un logiciel de facturation professionnel dès que possible.
- TVA : attention aux seuils et aux obligations
En entreprise individuelle, vous êtes assujetti à la TVA dès le premier euro, sauf si vous bénéficiez encore temporairement de la franchise de base.
Concrètement :
- Vous devez facturer la TVA à vos clients,
- Vous devez déclarer et reverser la TVA collectée à l’administration fiscale,
- Vous pouvez récupérer la TVA sur vos achats professionnels (un levier intéressant pour vos investissements : matériel, formation, loyer, etc.).
La TVA demande une gestion rigoureuse : déclarations mensuelles ou trimestrielles, bonne ventilation entre TVA collectée et TVA déductible… D’où l’intérêt d’être accompagné.
Déclarations fiscales et paiement de l’impôt
En entreprise individuelle au régime réel simplifié, vous n’êtes plus imposé sur le chiffre d’affaires brut mais sur le bénéfice réel.
- Déclaration BNC (bénéfices non commerciaux)
Chaque année, vous devrez :
- Établir une la déclaration contrôlée de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC),
- Remplir la liasse fiscale (formulaire 2035).
Vous serez imposé sur le bénéfice net après déduction des charges. Un avantage non négligeable si vous avez des investissements réguliers ou des charges mensuelles lourdes (loyers, téléphones, assurances, abonnements, formations…)
- Échéances fiscales
Les déclarations doivent être déposées selon un calendrier précis, en général entre avril et mai chaque année.
Vous l’aurez compris : en entreprise individuelle au régime réel simplifié, la gestion est plus lourde que sous le régime de la micro-entreprise. Mais en contrepartie, vous bénéficiez de plus de flexibilité fiscale et de possibilités d’optimisation.
Dans la partie suivante, nous verrons ensemble comment vous organiser efficacement au quotidien et comment anticiper la facturation électronique pour ne pas vous laisser submerger.
Conseils pratiques pour une comptabilité fluide et sans stress
Tenir sa comptabilité, gérer ses factures, anticiper les échéances fiscales…
Cela peut sembler rébarbatif, voire anxiogène, quand on débute son activité de praticien en bien-être.
Mais avec un peu de méthode (et les bons outils), cette partie administrative devient un véritable levier de pilotage de votre activité.
Voici quelques conseils pour ne pas vous laisser déborder.
S’organiser au quotidien : la régularité avant tout
La clé, c’est la régularité. Vous n’avez pas besoin d’y passer des heures chaque semaine, mais un petit créneau fixe dédié à l’administratif peut faire toute la différence.
Nos bonnes pratiques :
- Bloquez chaque semaine 30 minutes à 2 heures pour mettre à jour vos recettes, vos factures et vos justificatifs,
- Rangez vos documents au fur et à mesure, dans des dossiers datés (physiques ou numériques),
- Faites un point mensuel sur votre chiffre d’affaires, vos charges, et votre reste à vivre.
Pensez à créer une check-list mensuelle : facturation, déclaration URSSAF, sauvegarde des justificatifs, relances clients éventuelles…
S’équiper des bons outils : votre trousse à outils numérique
Pour rester organisé(e), rien de tel qu’un bon logiciel de gestion comptable adapté à votre statut.
Ces logiciels permettent souvent de :
- Générer des factures conformes,
- Suivre votre chiffre d’affaires en temps réel,
- Anticiper vos charges sociales et fiscales,
- Gagner un temps précieux (et un peu de tranquillité mentale aussi).
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Anticiper la facturation électronique : mieux vaut tôt que jamais
Même si la facturation électronique n’est pas encore obligatoire pour tout le monde, il est judicieux de vous y préparer dès maintenant.
Pourquoi anticiper ?
- Vous éviterez le stress du dernier moment,
- Vous pourrez tester plusieurs outils avant de faire votre choix,
- Vous prendrez de bonnes habitudes de classement et de structuration.
Astuce : Pensez également à vous abonner aux infos officielles via des sites comme https://www.impots.gouv.fr/accueil ou https://entreprendre.service-public.fr/ pour suivre les évolutions.
Se faire accompagner : un investissement rentable
Si la comptabilité vous donne des sueurs froides, sachez que vous n’êtes pas seul. Il existe des professionnels et des structures pour vous épauler.
Les options possibles :
- Expert-comptable : idéal si vous êtes en EI au régime réel ou si vous n’avez pas envie de gérer cet aspect vous-même,
- Associations de gestion agréées (AGA) : pour les professions libérales. Elles peuvent vous aider à remplir vos obligations et à éviter les erreurs fiscales. Certaines offrent aussi des formations utiles.
Même en micro-entreprise, faire appel à un comptable ponctuellement peut vous éviter bien des erreurs et vous rassurer dans votre gestion.
En résumé : organisez-vous comme vous respirez zen !
On le sait : la comptabilité n’est probablement pas ce qui vous a motivé à devenir praticien ou praticienne du bien-être. Mais en réalité, une gestion administrative solide est un socle de sérénité pour développer une activité stable et épanouissante.
Commencez petit, soyez régulier, appuyez-vous sur les bons outils… et n’attendez pas d’être débordé pour agir. Après tout, votre énergie est précieuse : autant l’investir dans ce que vous faites de mieux… en toute légalité et en toute tranquillité.
Conclusion
Que vous débutiez ou non, votre activité de naturopathe, de sophrologue ou d’accompagnant bien-être, la gestion administrative et comptable n’est pas une option : c’est une étape incontournable pour exercer sereinement et durablement.
Sous le régime du micro-entrepreneur, vous profitez d’un cadre simplifié, mais il reste essentiel de tenir vos registres à jour, d’émettre des factures conformes et d’anticiper la facturation électronique.
En entreprise individuelle au régime réel simplifié, vous entrez dans une comptabilité plus technique, avec des déclarations fiscales plus poussées, mais aussi des avantages financiers non négligeables grâce à la déduction des charges.
Dans tous les cas, la clé est la même : s’organiser régulièrement, s’entourer des bons outils et, si besoin, se faire accompagner par des professionnels.
Ne laissez pas la comptabilité devenir une source de stress ou un frein à votre épanouissement professionnel. Avec un peu de méthode, vous pourrez dompter vos papiers aussi bien que vous domptez vos routines bien-être, et ainsi vous concentrer sur ce qui vous anime réellement : prendre soin des autres.
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